2046

un film de Wong Kar-wai (2004)

mood

Je sais pas par quel bout prendre 2046 tellement il s'étire dans tous les sens, mais en même temps c'est assez précisément ce que j'attendais de WKW. En cette capacité de film-somme, je comprends mieux d'ailleurs le virage de The Grandmaster ; après 2046, je ne vois plus trop ce que le gars pouvait encore explorer sur son propre terrain.

Je ne sais pas si c'est ce dont j'avais besoin ce matin, m'enfin ça reflétait précisément la confusion dans laquelle je me trouvais. Depuis ma découverte de Blueberry Nights (même sans avoir la maturité pour comprendre ce qui s'y passait), WKW s'est niché dans un coin de ma tête et représente fidèlement toute la complexité du sentiment amoureux. Chacun un ange déchu, souvent au bon endroit mais jamais au bon moment, qui se passionne pour l'autre, s'y perd, tente de se rappeler ce qu'il cherchait, mais se souvient alors qu'il ne l'a jamais su.

Même en s'écartant un peu de la question du couple, la représentation de l'individu chez WKW est assez fascinante. Une tour de souvenirs, construite histoire par histoire, et à chaque nouvel étage cette tentative idéaliste de redresser l'ensemble, de l'harmoniser avec les souvenirs des couches passées, perdues de vue, enfouies profondément, déterminantes et pourtant inaccessibles. Avec un monde intérieur aussi infini qu'indémêlable, comment échapper au sentiment d'aliénation ? La sensation de connecter avec un être aimé est aussi illusoire que miraculeuse...