Le Gambetta était affligé d'une histoire cousue de fil blanc et d'une programmation qui entachait légèrement la respectabilité du réseau MK2, mais pouvait au moins se vanter d'une façade qui valait quelques secondes d'admiration. Ce n'est même pas le cas du Nation, dont la devanture Art Déco des années 30 a été détruite au milieu des années 70. Autrement, la salle principale où était projeté Marguerite était d'une capacité supérieure un peu inattendue. Rien à voir, rien à raconter, circulez.
Mais peut-être que je me trompe. Peut-être que ce cinéma a été dirigé pendant plusieurs dizaines d'années par un couple de philatélistes daltoniens aux aventures rocambolesques, et peut-être qu'il était le théâtre de rendez-vous mensuels secrets entre Anna Karina et Jean Eustache. Peut-être même que rien n'était secret, mais que personne ne s'est donné la peine de documenter les faits. Valsant entre la recherche et le divertissement, témoin modeste et poseur d'une cinéphilie parisienne truffée de biais et jonchée d'enthousiasme, j'en viens à me demander si cette liste n'est pas animée d'une volonté qui m'échappe...