Parce qu'il n'y a pas que les bambins qui ont le droit de se fendre la poire devant une petite toile, j'apprends ce soir que l'Étoile Lilas, navire aux sept salles rutilant de la flotte Étoile ouvert fin 2012, propose occasionnellement des séances dédiées aux parents et enfants de moins de dix mois, avec « lumière tamisée, son maîtrisé, table à langer et tapis d'éveil ». En terme d'efforts pour sortir les gens de leur salon, l'initiative place la barre assez haut. Pragmatique, le reste de la programmation consiste en un dégradé correct de succès du moment, saupoudré de projections exceptionnelles de grands classiques.
Pas de nourrisson devant les court-métrages d'animation chinoise des années 60 pour lesquels j'étais présent, mais tout de même une ribambelle de gamins à un âge curieux et amusé, accompagnés par leurs parents. Quant à savoir pourquoi je suis venu à cette séance, sans enfant (ni parent), la réponse est d'ordre logistique : compte tenu de ce défi absurde de parcourir l'ensemble des cinémas parisiens, la sélection d'une projection se fait en fonction du film, mais aussi du cinéma. Même si je favorise évidemment le film, le choix est un compromis entre les deux, et donc quand j'ai vu l'Étoile Lilas, le MK2 Gambetta et le MK2 Nation alignés sur un même axe, dans un coin de Paris où je n'ai aucune raison de traîner, et avec une combinaison de séances pour lesquelles j'éprouvais une certaine curiosité et dont les horaires s'enchaînaient naturellement, je me suis dit qu'il s'agissait d'une bonne opération pour rentabiliser mon temps. La démarche est méthodique, mais si je veux finir mon parcours avant de partir à la retraite dans une cabane au Groënland, il faut bien que je fasse preuve d'un peu d'optimisation. Je me demande si je me rappellerai de toutes ces opérations d'ici quelques années...