Pour la première (ré)ouverture de cinéma dont je suis témoin depuis le début de cette liste, je me suis dit que j'allais marquer un peu le coup. J'ai donc pris un billet pour la première séance du premier jour d'exploitation, avec un film qui figurait d'ailleurs parmi mes envies, et puis vu qu'apparemment j'étais le seul à avoir déjà acheté ma place en ligne, je me suis retrouvé le premier à accéder aux salles. L'histoire ne retiendra pas mon nom, mais j'étais là, haha.
Avant les Fauvettes, il y avait le Gaumont Gobelins, qui à une époque possédait une extension de l'autre côté de l'avenue. Comme la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, qui occupe depuis 2014 le terrain de cette ex-extension, les Fauvettes présentent au public une nouvelle facette de la filiale Cinémas Gaumont Pathé, en s'attachant à la revalorisation d'anciens classiques. Par « anciens », il faut ici comprendre « essentiellement jusqu'au début des années 80 » : le Bertolucci proposé fait un peu figure d'exception par rapport au reste de la programmation retenue cette semaine, mélange de Back to the Future (x3), de Toy Story (x3) et de Wong Kar-wai des 90s, agrémenté de Blues Brothers et autres Top Gun (3D). La vidéo projetée avant la séance, qui présentait les travaux et les enjeux du nouveau cinéma (j'ai été charmé par cette petite attention), était aussi claire sur le public visé, des familles ou des couples qui souhaitent retrouver les émotions de leurs séances passées. Malgré l'éclectisme et la popularité de la sélection qui m'évoquent cet autre cinéma, il serait injuste de qualifier le projet de version commerciale du Grand Action, étant donné la différence de démarche : les Fauvettes espèrent moins faire découvrir que redécouvrir. Je n'y retournerai pas souvent, mais je leur accorde ma bénédiction.
Sur les questions de design et de confort, à l'image du bâtiment de la Fondation, les Fauvettes n'ont pas manqué d'idées ni d'argent pour les concrétiser. Derrière la façade à LED complexe aussi tapageuse qu'aguichante, le couloir d'entrée aboutit subitement sur un grand espace lumineux, soutenu par un enchevêtrement de poutres de bois clair. La salle de projection ne se démarquait pas au-délà de ses luminaires rouges, mais un espace lounge donnant sur le patio végétal central se tenait prêt à accueillir les spectateurs peu pressés de quitter le cinéma. Si chaque UGC, Gaumont ou MK2 témoignait d'un tel investissement, je serais un homme comblé.