Le Tardis des cinémas parisiens. Il est facile de rater l'entrée minuscule, d'autant plus avec la façade grandiloquante du Rex un peu plus bas sur le boulevard Poissonnière. Rentrez à l'intérieur pour la première fois et vous serez pleinement pardonnés de laisser échapper une exclamation naïve. Bigger on the inside, n'est-ce pas ?
La salle, créée en 1912, est récupérée juste deux ans plus tard par Max Linder, comédien burlesque, réalisateur et scénariste, de retour à Paname après une aventure hollywoodienne déçue. Elle change plusieurs fois de propriétaires, en étant notamment remise sur pied dans les années 80 par les mêmes passionnés qui étaient parvenus à maintenir l'Escurial à flot. Les moyens de projection sont régulièrement remis à niveau pour offrir au public des spectacles de la meilleure qualité.
Avant même le début de la séance, quiconque pénètre dans la salle est frappé d'emblée par l'écran majestueux. Large d'au moins 16 mètres, légèrement incurvé, trois niveaux de fauteuils ont été aménagés pour pleinement en profiter, orchestre, mezzanine et balcon. Plus de 600 places au total, mais le Max Linder reste une institution discrète, un repaire d'initiés dont les séances affichent rarement complet. Tant que les entrées permettent au cinéma d'être maintenu correctement, ça me convient bien.
La configuration de la salle (et la nécessité d'un minimum de rentabilité) appelle évidemment à la diffusion des films à succès du moment, mais la direction esquive habilement les blockbusters les plus gras et autres productions insipides. Un film, rarement plus, est retenu chaque semaine, mais des évènements de bon goût viennent occasionnellement bousculer cette programmation uniforme. Des nuits à thème de trois films sont organisées à peu près chaque mois, d'autres évènements surgissent parfois, parmi eux l'avant-première de la version restaurée de La Porte du paradis, grandiose. La VO est privilégiée, et quand les moyens le permettent et/ou que les réalisateurs l'exigent, les projections se font en 35mm. Mariage d'exigence cinéphile et d'intimité, le Max Linder est une référence.