Le Rex abrite une salle sensationnelle, à visiter au moins une fois dans sa vie. Mais la programmation ne se compose que de cinéma populaire, et l'essentiel des projections a lieu en VF. Le reste relève du détail.
Aussi grandiose soit-elle avec ses éclairages de nuit, la façade Art déco fait tout juste honneur au spectacle que constitue la salle principale. Inaugurée en 1932, celle-ci demeure le dernier témoin des volumes monumentaux construits dans la première moitié du XXème siècle. Son inscription parmi les monuments historiques français fait figure d'évidence. Passée de près de 3300 sièges à 2750 aujourd'hui, elle n'en reste pas moins aisément la plus grande salle de Paris, et en fait d'Europe. Le Grand Large a fait ses débuts en 1988, à l'occasion de la sortie du Grand Bleu : l'orchestre et la mezzanine sont fermés, le public s'installe au balcon, et l'écran titanesque se déroule majestueusement avant le début de la séance. Le spectacle ne serait pas complet sans le design intérieur : l'arche magnifique, le plafond étoilé et les décors sortis d'un fantasme antico-méditerranéen. Depuis des années, à chaque période de Noël, l'établissement va même jusqu'à organiser la Féérie des Eaux, un ballet aquatique lumineux qui précède la séance du film pour enfants sélectionné. Le Rex semble ne connaître aucune limite.
Le souci, c'est qu'il faut bien faire arriver l'argent de quelque part. Que six autres salles aient été amenagées (et même un club électro reconnu en sous-sol), c'est très bien, mais que les films diffusés soient quasiment tous des blockbusters en VF, merci mais au revoir. Pour ses soirées spéciales, le Rex retourne sur la VO, et il y une ambition et une folie que j'admire derrière les évènements comme le marathon qui accompagne la sortie d'Avengers 2, onze films en l'espace de deux jours. C'est un des derniers endroits où l'occasion est donnée au public de vibrer ensemble, de célébrer ses héros, d'entonner des répliques cultes, avec moult attractions autour de, voire pendant la séance. Mais vu que je suis un sale élitiste aigri plus trop réceptif aux films populaires, et que je préfère le cinéma comme une expérience plutôt réservée et intime, toute cette débauche m'intéresse fort peu.