Le « cinéma de ceux qui le font » est exploité par la Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs depuis 1996. L'histoire des salles autour de la place de Clichy est un peu touffue : avant leur réouverture il y a 20 ans, les trois qui nous intéressent faisaient partie du Pathé Clichy, dont trois autres initiales, qui ont aujourd'hui rejoint le Pathé Wepler, se trouvaient sur le trottoir d'en face : un pied dans le 17ème, l'autre dans le 18ème. Avec la démolition du faux-plafond de la salle principale, les travaux ont d'ailleurs mis à jour les structures métalliques de la période Eiffel, que les architectes ont eu le bon goût de conserver pour la spacieuse salle 1 actuelle. Celle-ci porte le nom d'Étienne-Jules Marey, pionnier de la projection cinématographique, notamment inventeur du fusil chronophotographique. L'un d'entre eux est exposé à la Cinémathèque, et la tronche de l'outil est tout aussi badass que son nom le suggère. Pas de pétoire dans le hall des Cinéastes, mais une table de mixage et d'autres appareils de projection anciens qui agrémentent les lieux d'un cachet certain.
La sélection consiste majoritairement en films d'auteurs fraichement sortis, mais la direction du cinéma s'est aussi grandement investie pour la diffusion d'animation dédiée à la jeunesse, en contraste total avec la machine écrasante du Wepler à l'angle de la rue. Quelques documentaires et de vieux classiques sont enfin vaillamment partagés avec la poignée de bonnes âmes qui fréquentent le quartier. Nous étions six ou sept à nous partager trois cents sièges pour l'Homme invisible (à moins qu'il ne se soit trouvé plein d'hommes invisibles dans la salle).