Le boulevard de Strasbourg comptait pas moins d'une demi-douzaine de cinémas avant que l'émergence des multiplexes et la désaffection du public pour les séries B n'y provoquent une hécatombe dans les années 80-90. Sans la réouverture de l'Archipel, le Brady aurait pu être le seul rescapé. Après quarante ans de films fantastiques, il tombe en 1994 sous l'égide de Jean-Pierre Mocky, forcené de la production française, disparu des radars mais toujours hyperarctif, pour qui l'achat d'un cinéma constituait la dernière pierre d'un contrôle absolu sur ses films, depuis les ébauches de scénario jusqu'à la distribution au public. Mocky a depuis troqué ce bisalle contre le Desperado du Quartier latin.
La programmation du Brady est éclectique mais ne comporte presque plus de séances de découverte ou de rétrospective. Dans mes souvenirs, le hall carré était d'une petitesse qui frôlait gentiment le ridicule. La salle du rez-de-chaussée, d'une capacité de cent personnes, accueille occasionnellement des représentations théâtrales. Ma séance se déroulait toutefois dans la salle 2, au sous-sol. Avec ses 39 sièges, elle peut raisonnablement prétendre au titre de plus petite salle de cinéma que j'aie jamais visité. Elle trahissait aussi plusieurs signes de vieillesse ; il est possible que les travaux de rénovation menés pendant l'été 2014 lui aient bien profité.