Bien que je trouve un peu gonflé d'avoir donné aux lieux le nom du président puis co-président de Pathé depuis 1990, milliardaire cinéphile de 80 balais et quelques toujours actif, je ne peux qu'applaudir la création de cette institution dédiée à la préservation et au partage du patrimoine de la plus grande société de production cinématographique française. Il ne s'agit pas seulement de cataloguer (et occasionnellement restaurer) l'inconcevable quantité de films muets qui ont vu le jour au début du siècle passé, mais aussi de mettre à disposition des chercheurs une collection inestimable de photographies, de correspondances, d'affiches, de scénarios, d'accessoires de projection...
L'homme du peuple, s'il ne cherche pas à poser en chercheur, pourra tout de même accéder à un espace d'exposition plutôt fourni, et contre menue rémunération profiter de séances de films muets déterrés pour l'occasion. Ces derniers sont invariablement accompagnés au piano par des élèves du Conservatoire de Paris, et il n'y a pas besoin d'être c'était-mieux-avant-iste hardcore pour trouver du charme et un peu d'émotion à ce doux anachronisme. L'expérience est d'autant plus étrange qu'elle rentre en contraste, ou plutôt en complémentarité, avec l'ovni architectural des locaux inaugurés en 2014, volumes bombés et poutres arquées témoignant d'un modernisme passionné. Savoir que les séances en multiplexe à 14€ servent à financer un tel projet permettrait presque d'ouvrir son porte-feuille avec le sourire.