Je ne tiens pas plus que ça à parler des faits d'armes de la Cinémathèque. Une date : 1936. Un nom : Henri Langlois. Une mission (double) : conserver et faire vivre le cinéma. Pour le reste, les péripéties historiques comme les composants du gigantesque fonds documentaire, leur site web y répond très bien et je ne me sens pas de le recopier.
J'éprouve un étrange mélange de honte et de fierté à n'avoir poussé les portes de la Cinémathèque qu'à deux reprises, la première fois pour l'expo Burton en 2012 (j'étais jeune et naïf), et la seconde pour une projection de l'ami Orson en 2015, après laquelle j'en ai tout de même profité pour jeter un œil au petit musée –un « cabinet de curiosités », dit le site qui, décidément, me pousse au plagiat.
De la honte, parce que se prétendre cinéphile parisien en boudant ZE temple français du cinéma, c'est un manquement qui s'apparente presque à l'injure. Et puis, la sélection est presque narquoise : pendant que je peine à rattraper les classiques de Scorsese dans le quartier latin, la Cinémathèque projette aussi ses long-métrages les plus enfouis, et puis plusieurs de ses courts, le tout en parallèle d'une rétrospective consacrée à un réalisateur symboliste hongrois dont je ne connais même pas le nom, pour occuper les habitués dont je suppose qu'ils ont déjà fait trois fois le tour de la filmo à gangsters de l'américain.
Et de la fierté, au moins teintée d'orgueil, parce qu'en dépit de mon ignorance, sans me jeter trop de fleurs, j'ai quand même l'impression de pas trop raconter n'importe quoi en parlant de cinéma depuis plusieurs mois. Je ne fais pas beaucoup plus de séances qu'avant, mais je vois des détails, je comprends la mise en scène, et je sais balbutier quelques phrases pertinentes sur le sujet. La cinéphilie ne dépend pas de la cinéphagie ; ça tombe sous le sens, mais j'ai quand même parfois besoin de me le rappeler. Si, d'ici quelques années, je revenais sur le pas de la Cinémathèque, ce serait plus par ennui que par la recherche illusoire d'une quelconque exhaustivité.