À l'heure où les bien-pensants se scandalisent de la sortie en salle de Love, interdit aux moins de 16 ans par un CNC à la ramasse, il est bon de rappeler que Paris cohabitait sans grand-peine avec l'érotisme (voire la pornographie) par le biais d'un nombre significatif de salles spécialisées, dont la présente Bastille. Les mœurs se libèrent et la censure se relâche suite à l'élection de Giscard d'Estaing, assurant à ces établissements un succès temporaire. Ceci jusqu'à fin 1975, lorsque le gouvernement de l'époque instaure une classification X délivrée plus ou moins arbitrairement, qui prive les films concernés de toute subvention publique, les surtaxe, et surtout les cantonne exclusivement aux salles autorisées. Le succès du milieu s'étiole au cours des années 80, et la démocratisation de la VHS achève ces salles devenues largement confidentielles à l'aube des années 90. Bien évidemment, tout le système de classement -16, -18 et X, s'il méritait déjà d'être remis en question, a été rendu obsolète avec l'arrivée d'Internet. Quoi qu'il en soit, je suis majeur et il y a officiellement eu deux films français classés X au cours des vingt dernières années, donc ça va pas m'empêcher de dormir.
Comme bien d'autres, la Bastille, ou le [Ciné [Métro] Art] Bastille (d'où ils ont sorti ça ?), s'est reconvertie en cinéma art et essai à la programmation respectable et correcte. Par contre, je ne sais pas ce qu'il en est des deux autres, mais je vous déconseille fortement la salle 2 : je n'ai pas l'habitude de me plaindre de la place réservée pour les jambes entre les rangées de sièges, mais en l'occurrence même en les écartant je continuais à toucher le fauteuil d'en face. Un record personnel, pas particulièrement flatteur.