Un des rares alliés français dans la lutte pour les droits LGBT (un des rares cinéastes engagés socialement, pourrait-on dire tout court), Sébastien Lifshitz signe pour Arte un docu grand public sur une gamine trans. Tellement grand public que je n'y ai pas une seule fois entendu le terme de « transidentité », effacé par « fille née dans un corps de garçon »...
Je suis très partagée entre le bénéfice d'augmenter la visibilité des problématiques trans (en effaçant toute terminologie, toute symbolisation explicite synonyme d'apprentissage, susceptible de détourner le public lambda) et le risque d'une essentialisation du genre, des corps et des transidentités. En visant l'accessibilité à tout prix, le docu et son langage tendent à préserver des binarités exclusives : on est garçon ou on est fille, on a un corps de garçon ou un corps de fille, et on est trans ou on ne l'est pas.
Un autre élément agaçant, c'est qu'une fois de plus le discours appartient aux personnes cis, parents ou professionnels de santé. À l'échelle du documentaire, la parole de l'enfant est bien moins forte que celle des adultes qui l'entourent et commentent sa situation. Sans le dire, peut-être même sans le comprendre, le film entretient une perception pathologisante et « autre-isante » des trans, entérinant en hiérarchie absolue des faits sociaux qui demanderaient au contraire à être déconstruits et vidés de leur potentiel d'oppression.
Un des rares alliés français dans la lutte pour les droits LGBT (un des rares cinéastes engagés socialement, pourrait-on dire tout court), Sébastien Lifshitz signe pour Arte un docu grand public sur une gamine trans. Tellement grand public que je n'y ai pas une seule fois entendu le terme de « transidentité », effacé par « fille née dans un corps de garçon »...
Je suis très partagée entre le bénéfice d'augmenter la visibilité des problématiques trans (en effaçant toute terminologie, toute symbolisation explicite synonyme d'apprentissage, susceptible de détourner le public lambda) et le risque d'une essentialisation du genre, des corps et des transidentités. En visant l'accessibilité à tout prix, le docu et son langage tendent à préserver des binarités exclusives : on est garçon ou on est fille, on a un corps de garçon ou un corps de fille, et on est trans ou on ne l'est pas.
Un autre élément agaçant, c'est qu'une fois de plus le discours appartient aux personnes cis, parents ou professionnels de santé. À l'échelle du documentaire, la parole de l'enfant est bien moins forte que celle des adultes qui l'entourent et commentent sa situation. Sans le dire, peut-être même sans le comprendre, le film entretient une perception pathologisante et « autre-isante » des trans, entérinant en hiérarchie absolue des faits sociaux qui demanderaient au contraire à être déconstruits et vidés de leur potentiel d'oppression.